J'ai mis du temps avant de reprendre la plume. Je pense  qu'avec le temps j'étais devenu assez aigrie et que j'avais besoin de temps pour moi. Pour  faire le point et contempler le chemin que j'avais parcouru.C'est bête à dire et c'est un poncif mais je crois que toute ma vie ce sont les autres qui ont décidé à ma place. C'étais douloureux, c'étais violent mais cela ne nécessitais pas d'effort particuliers. En tant que personne avec des attraits masochiste fort, c'est un piège dans lequel je tombe souvent.



On ressent des choses fortes et ça nous occupe l'esprit. Ça nous protège de l'ennui et de l'oubli qui contamine. Mais ça ne pouvais pas durer éternellement, on peut pas se consumer comme ça sans fin. Un moment y'a plus de combustible et je crois que suis à court de combustible.



Je me noie dans notre petit milieu, j'y étouffe, j'y agonise. J'ai le sentiment de me retrouver dans cette même petite ville qui m'a vu grandir à alterner entre l’épicerie et le presbytère. Et surtout je n'ai plus de combustible. Ça fait un moment que je roule sur la réserve et j'ai à peine de quoi aller jusqu'à la prochaine station. Il me reste quelques sous en poche, peut être que j'aurais assez pour rejoindre une grande ville ou un dépotoir à investir.



J'ai bien aimé cette aventure. Le jeu de rôle sur table m'a permis de rencontrer plein de gens quand les interactions sociales sont souvent un truc un peu étrange pour moi. Je suis tombé amoureuse aussi, j'ai vécu des histoire chouettes et ressenti des trucs cool. J'ai aimé la capacité de notre milieu à se rebeller contre sa propre culture hélas trop souvent viriliste ou orientée vers des dynamiques compétitive. J'ai aimé la solidarité qui s'est instauré parfois contre l'homophobie, la transphobie, la grossophobie ou le validisme qui hante encore trop souvent les couloirs de nos conventions. J'ai aimé ce bouillonnement créatif et la prolifération d'outils pour prendre soin des gens même si on fait des yeux de méchants derrière nos paravents.



Hélas comme je disais je suis fatiguée. Je ne me sens pas, je ne me sens plus la force de continuer. Et je sens que j'ai besoin d'autre chose, d'autres territoires. Je ne crois plus assez en notre média, je ne crois plus assez en nos communautés et je pense qu'arrêter est la meilleure voie.



Je continuerais à faire des gn néanmoins car c'est un support en lequel je crois toujours et qui est aussi pour moi moins énergivore en terme d'investissement. Le temps qu'on y consacre y est plus ponctuel et ce qu'on nous y demande me semble moins exigeant.



Avant de repartir et même si je n'aime pas le name dropping je tiens quand même à remercier quelques personnes.



Déjà je remercie tous les intervenant.e.s à mes podcasts qui ont pris du temps et de l’énergie pour exprimer des choses quand à leur expériences. Leur retours ont été précieux.

Je remercie aussi les courants alternatifs qui ont été un lieu d'épanouissement pour moi et si je garde quelques amertumes de nos derniers échanges je leur souhaite plein de bonnes choses pour l'avenir.

Je tiens aussi à saluer le travail de lapin marteau qui même si j'ai parfois critiqué le manque de gouaille sur certains sujets a fait beaucoup pour amener des sujets lié au féminisme et à la culture queer dans certaines de leurs démarches.

Je tiens à remercier la queervention qui a cassé quelques murs et taillé des ouvertures dans des murailles épaisse et froide.

Je remercie aussi tous les mecs cisgenre, hétérosexuelle, blanc, valide qui ont su se taire pour nous laisser de la place et savoir nous porter assistance quand le besoin s'en faisais sentir.

Je remercie enfin tou.te.s celleux qui à leur table de jeux ont essayé d'amener des personnages issues des minorités avec une histoire intéressante à raconter. Ou les mis.e.s de coté ont enfin une place et ont pu émettre un discours qu'iels ne pouvaient pas émettre en général.



Ah et sinon passez une très belle journée.